lundi 28 mars 2011

Le jeu de la mort

1961 , Jérusalem : le fonctionnaire de haut rang de l'Allemagne nazie, Adolf Eichmann, membre des SS, accusé de crime contre le peuple juif, crime de guerre, et crime contre l'humanité, affirme n'avoir rien fait d'autre que de "suivre les ordres" pour justifier ses actes.
Stanley Milgram , chercheur en psychologie, s'interrogea alors suite à cela au degré d’obéissance à des ordres jugés amoraux par la société, et décide de mener des expériences.
1963, Milgram recrute par petite annonce, pour une expérience truquée, des hommes de milieux différents. Elle était présentée comme l'étude scientifique de l'efficacité de la punition, sur la mémorisation , ici mise à l'épreuve par des décharges électriques . Les règles sont relativement simples, et impliquent trois personnages :
- L'élève : il doit mémoriser des listes de mots, et reçoit des décharges éléctriques de plus en plus fortes à chaque erreur.
- L'enseignant : il dicte les mots à l'élève, et vérifie les erreurs de celui-ci. S' il se trompe, c'est lui qui envoie une décharge , destinée à "punir" l'élève.
- L'expérimentateur : il est le représentant de l'autorité, et l'exerce sur l'enseignant.
Mais en réalité, l'expérimentateur et l'élève sont des comédiens, et les décharges éléctriques fictives. L'élève simule des cris, et des silences peu rassurants pour l'enseignant. Quand celui ci doute, l'expérimentateur est là pour lui ordonner par des phrases simples et courtes de continuer.
Ainsi, 62,5% des participants ont mené l'expérience jusqu'au bout, c'est à dire envoyer des décharges de 450V à une personne qu'ils ne connaissaient pas, et qui suppliait d'arrêter.
Milgram a qualifié à l'époque ces résultats "d’inattendus et inquiétants".



Après plusieurs décénnies, le 17 mars 2010, est diffusé le jeu de la mort, documentaire sous forme de divertissement, reproduisant l'expérience de Milgram.
Les règles restent les mêmes. Seuls le décor et l'autorité change. En effet cela ne se passe plus dans un laboratoire, mais sur un plateau télé, orchestré par Tania Young, présentatrice télé. Et 80% sont allés au bout. «Ce ne sont ni des sadiques ni des lâches, conclut le documentaire. Simplement des gens semblables aux autres. 80% d'entre eux se sont comportés comme de possibles tortionnaires. Cela reflète le pouvoir terrifiant qu'a acquis la télévision.»
On aurait pu penser qu'année après année, la psychologie humaine progresse, les esprits critiques se développent... mais malheureusement, en 2010, c'est pire.

Hélène Aspis-Veck

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